02 Déc Vous avez dit bioplastiques ?
L’avancée et les limites des plastiques biosourcés!
Le CLUB / 2015
En France, 11 % des déchets ménagers sont en plastique. Il s’agit d’emballages pour 80 %. Et certains de ces emballages sont désormais interdits d’usage, comme les sacs dits « de caisse », lesquels doivent être remplacés maintenant par des emballages en papier ou, précisément, par des sacs bioplastiques (à base de polylactate d’amidon pour l’essentiel).
Les bioplastiques ne sont pas des produits récents, puisque la plus ancienne matière plastique industrielle artificielle commercialisée fut en l’occurrence… un bioplastique : le celluloïd (nitrate de cellulose et de camphre dont l’origine remonte à 1856). Et vers la même époque, Henry Ford avait déjà inventé la fabrication possible de pièces automobiles en « plastique de soja » ! Les deux guerres mondiales sonnèrent le glas de ces primo-découvertes, et ce n’est que récemment (outre l’usage traditionnel du caoutchouc par exemple) que les plastiques bio-sourcés refirent une apparition marquée sur les marchés. Bioplastiques et biodégradables, ces matériaux proviennent d’amidon, de sucres, d’huiles ou de protéines (voire de matières naturelles primaires comme le caoutchouc, la gemme, les algues, etc.). Le remplacement de la matière première fossile d’origine pétrolière par une ressource renouvelable est évidemment le principal intérêt des bioplastiques, outre certaines de leurs fonctionnalités spécifiques intéressantes. Leur part de marché était estimée à moins de 0,1 % en 2000, et à 2 % en 2010. Elle pourrait atteindre 4 % (voire plus) à l’horizon 2030 !
Le débat reste ouvert toutefois, parmi les spécialistes, entre des qualificatifs marketing croisés tels que les « bioplastiques » (donc renouvelables), « biodégradables ou biofragmentables » (qualités communes à la plupart des bioplastiques et à une minorité de plastiques pétro-sourcés), et enfin « compostables » (fonctionnalité parfaitement vraie pour les bioplastiques, mais peu compatible, paradoxalement, avec les filières de collecte sélective existantes des… plastiques !). Comme pour l’ensemble des bioproduits de la chimie du végétal, l’un des enjeux réside enfin, pour les bioplastiques, dans leur « traçabilité » à la production, comme lors de leur utilisation et de leur fin de vie. Que ce soit à travers une option possible de type « critères de durabilité » (homologue de celle qui est appliquée aux biocarburants suite à la directive EnR de 2009), ou par le marquage atomique du « carbone renouvelable » contenu dans les bioproduits, la certification « renouvelable » des bioplastiques est et sera essentielle au développement de leurs marchés.
Pour approvisionner toutes ces filières, ce sont près de 40 Mt/an de bois et dérivés d’une part (ligno-cellulose) qui sont nécessaires en France, tandis que 600 000 ha de grandes cultures sont valorisées par ailleurs par ces marchés spécifiques du « non alimentaire » (e.g. les céréales et pommes de terre amidonnières, les plantes sucrières, les plantes à fibres, les plantes à parfum et pharmaceutiques,…).