Ce que cache la forêt française - Le CLUB des Bioéconomistes
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Ce que cache la forêt française

Quelques vérités bonnes à dire !

Le CLUB / 2016

La forêt française génère annuellement 120 à 130 Mm3/an de production ligneuse brute renouvelable. C’est l’équivalent de 4 m3 de bois qui sont produits chaque seconde par la photosynthèse, ou de 4 tonnes de CO2 atmosphérique qui sont absorbées et stockées dans le même temps par le bois des arbres.

Sur cette production totale, 70 Mm3/an sont prélevés pour l’industrie (40 Mm3) et l’énergie (30 Mm3). Une ressource ligneuse résiduelle de l’ordre de 50 Mm3/an n’est donc pas récoltée annuellement… mais il faut se souvenir que…

* 15 Mm3/an ne seront disponibles et récoltables qu’après 2030, car ils sont situés dans des « jeunes » forêts plantées qui ne sont pas encore parvenues à maturité

* environ 10 à 15 Mm3/an sont détruits (mortalité naturelle ou accidentelle) ou physiquement inaccessibles.

Les entreprises de la filière bois (bois d’œuvre, bois de trituration, xylochimie, bois énergie) disposeraient donc ainsi, chaque année, d’une « réserve » nette d’approvisionnement supplémentaire disponible d’environ + 20 Mm3/an (120 – 70 – 15 – 15). Mais il s’agit en fait d’une « réserve » difficile à mobiliser, et surtout composée d’essences feuillues de médiocre qualité (taillis). Ceci en explique largement la sous-mobilisation actuelle.

Il faut prioritairement, en France, renouveler et développer les peuplements résineux qui sont d’une importance extrême pour les industries françaises. C’est pourquoi la relance de plantations résineuses dans notre pays est si stratégique, face aux marchés toujours plus demandeurs de la construction et de l’emballage. L’insuffisante production de bois résineux français explique en effet une large part du déficit commercial de notre filière bois.

La productivité durable à l’hectare des peuplements résineux est d’ailleurs, en France, le triple en moyenne de celle des peuplements feuillus. Les résineux absorbent et séquestrent donc deux à trois fois plus de CO2 atmosphérique que les feuillus, dans l’espace et dans le temps, avec un effet d’amortisseur climatique bien plus considérable.

Face à ces défis, les handicaps de la forêt française tels qu’ils sont affichés sont souvent déformés. Notre forêt n’est en effet pas si morcelée qu’on le dit. Les 2/3 environ de sa surface et de son potentiel de production dépendent en effet seulement de 400 000 propriétaires (sur un total de plus de 3 millions de propriétaires forestiers !) et ils sont gérés par moins  de 150 structures spécialisées (l’ONF, 27 coopératives et 120 experts privés).

Il manque donc en fait, à l’économie française, la production annuelle de 10 Mm3/an de bois résineux, et notamment de Douglas. Un tel volume pourrait facilement être produit par 600 ou 700 000 hectares de nouvelles plantations résineuses à constituer en remplacement de taillis sans valeur. Et il suffirait en fait de 15 ans pour planter ces 700 000 ha à raison de 50 000 ha/an. Ces nouveaux reboisements permettraient de « libérer » en outre, dans le même temps, et immédiatement, 10 Mm3/an supplémentaires de « petits bois feuillus »  préexistants et non valorisés sur les parcelles de taillis à reboiser. Ceci répondrait immédiatement aux besoins des industries de la trituration, de la xylochimie et du bois énergie… Bien entendu, de nouveaux instruments juridiques et financiers seront nécessaires pour parvenir à relancer et financer de tels reboisements résineux (fiscalité forestière à rénover, marché du carbone ou autres externalités, marchés financiers par la titrisation des plantations ou par des ventes à terme…). L’économie de la filière et la profitabilité des reboisements le justifient.

Vis à vis de ces plantations, on comprend mieux l’enjeu qui est en cause pour la filière bois et l’économie française, pour notre balance commerciale et pour l’emploi, en comparant notamment ( ci-dessous) les situations française et allemande en la matière… Résineux / Feuillus : C’est édifiant !

Tableau_CeQueCache