« L’or brun » de la bioéconomie - Le CLUB des Bioéconomistes
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« L’or brun » de la bioéconomie

Nourrir les sols !

Le CLUB / 2016

Il n’y a pas que les hommes et les animaux qu’il faille alimenter. Il faut aussi nourrir les plantes et pour cela, à la base, il faut d’abord “nourrir la terre” pour préserver les sols. Sans eux, pas de plantes, et sans plantes pas d’animaux… ni d’hommes !

Tel un torchis, le sol est composé de sable, de limon et d’argile qui sont solidarisés par un “ciment” organique vivant, l’humus : c’est ce que l’on nomme le “complexe argilo-humique”. A la fois éponge et liant, cette armature humique structure et “tient” la terre ! Alors, pour maintenir dans le sol un tel tissu organique en suffisance, sans lequel nos terres ne seraient que des “passoires” stériles, il faut, outre des engrais (qui nourrissent les plantes), prévoir de quoi “nourrir également la terre”. Cela veut dire qu’il faut lui apporter régulièrement son du sous forme d’amendements organiques comme les fumiers, les digestats de méthanisation, les boues d’épandage et les composts. Ce sont des “fumures de fond” au sens agronomique du terme. Outre ces effluents agricoles, qui restent très largement majoritaires à venir ainsi “fumer” les terres, rappelons aussi que notre société doit gérer et traiter annuellement des dizaines de millions de tonnes brutes de biodéchets organiques d’origines urbaine et industrielle. Ce sont nos propres déchets, (boues d’épandage, effluents d’épuration, déchets verts et composts urbains), et leur retour à la terre referme le cycle de la vie organique le plus vertueusement qui soit. Il faut enfin, parallèlement, ré-enfouir dans le sol, lors des labours, suffisamment de pailles ou de rafles non destinées à être récoltées pour l’élevage ou pour la production d’énergie.

La terre est vraiment gourmande, et elle le vaut bien !

     Souvenons-nous d’ailleurs que la quantité de carbone qui se trouve séquestrée dans les sols dépend directement de la plus ou moins grande richesse organique des terres. Ce stock de carbone organique des sols constitue d’ailleurs un véritable “matelas anti-effet de serre” agronomique, et ce qui est bon pour la terre l’est aussi pour le climat !

     L’agriculture n’est donc pas un exercice simple, ni une science exacte. La pratique des apports de matière organique dans les sols remonte à la nuit des temps, à travers les anciennes fumures, les jachères, et jusqu’à l’épandage des “gadoues” urbaines d’autrefois que relaie aujourd’hui celui des boues d’épuration, des digestats, des algues, des fumiers et des lisiers d’élevage. L’apport de matières organiques aux sols de culture s’avère toujours aussi indispensable, quelle que soit la modernisation des techniques agricoles… et quelles que puissent être malheureusement les humeurs ignorantes de certains riverains qui s’opposent égoïstement à l’exercice de ce “devoir d’épandage des paysans”… !

Oui, les biodéchets et les sous-produits organiques, aussi peu attractifs soient-ils, doivent bien être considérés comme de “l’or brun” pour nos terres de culture. Sans eux, nos assiettes, pourraient bien un jour rester vides… et sans eux, la « moléculture », qui fonde la chimie du végétal, resterait peut être un mythe !

Nos biodéchets !

Les biodéchets et les déchets organiques au sens large, avec les effluents d’élevage, les pailles et les cendres, pèsent en France pour plus de 370 millions de tonnes par an, c’est à dire plus de 5 tonnes par habitant chaque année.

Le défi que nous avons tous à relever est celui de leur bonne gestion, au profit notamment des sols agricoles, de leur structure et de leur teneur en carbone stable.

Nos biodéchets d’aujourd’hui doivent continuer d’être nos amendements organiques et nos engrais de demain, pour protéger et nourrir durablement nos terres d’après demain.

Il dépend ainsi de ce “miracle agronomique” et de nos paysans de pouvoir durablement nous fournir des aliments, des bioénergies et de la biomasse au sens large.