Forêt et climat : la valorisation durable des produits-bois prime sur le stockage de carbone en forêt - Le CLUB des Bioéconomistes
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Forêt et climat : la valorisation durable des produits-bois prime sur le stockage de carbone en forêt

la forêt ne doit pas cacher la filière bois !

Le CLUB / Canadian Journal of forest research / 2014

Le débat forestier international s’est souvent concentré malheureusement sur la seule lutte contre la déforestation tropicale, et plus généralement sur les questions de stockage du carbone en forêt. En 2008, la notion de « gestion forestière efficace » fit timidement son apparition dans les débats, sans que pour autant elle soit clairement associée aux objectifs globaux de « l’économie verte », filière bois comprise. Cette carence réduit en fait le rôle des forêts à une fonction de séquestration biologique de carbone au stade forestier, en oubliant toute l’économie vertueuse du bois qui est à leur aval.

Or le rôle qui est joué par les forêts pour lutter contre l’effet de serre réside bien davantage in fine, quantitativement, dans leur potentiel de production économique à l’aval de bois d’œuvre, de bois-fibres, de xylo-chimie et de bois-énergie qui sont utilisés en substitution de matériaux fossiles ou minéraux, ou en remplacement d’hydrocarbures.

Le bois est en effet le premier matériau de « l’économie verte » dans le monde. Certes on peut parfois stocker davantage de carbone en forêt que dans les « bio-produits » issus de la transformation du bois, mais tout stockage forestier a ses limites, et il y en a de deux types :

– Le stockage forestier est d’abord limité dans le temps et géographiquement (on ne peut stocker plus qu’une certaine quantité de bois par hectare de forêt). Une forêt inexploitée ou sous exploitée, ou a fortiori vieillissante, entre vite par ailleurs en phase de stockage de carbone ralenti, puis d’absorption nulle, quand la mortalité atteint le niveau de la production biologique primaire. Le stockage forestier (puits de carbone) est en outre réversible (une forêt peut être défrichée ou brûlée).

– Inversement, la substitution de matériaux fossiles ou minéraux, ou de carburants fossiles, par du bois ou de la cellulose, a un effet très puissant en terme d’économie d’émissions de CO2, et cet effet est quasiment illimité dans le temps.

– Enfin, une tonne de carbone substituée, non rejetée dans l’atmosphère, est une « pollution évitée » durablement acquise, et irréversible.

La recherche d’un stockage « maximum » de carbone « sur pied » en forêt (ex. par sur-grossissement des arbres) ne devrait donc surtout pas se faire au détriment de la production efficace de produits du bois industriels et durables à l’aval, pour la filière bois-fibres.

  Le Canadian Journal of Forest Research (2007) démontre ainsi que dans le cas de forêts gérées (et exploitées) efficacement et durablement, il convient de privilégier l’objectif de substitution, c’est à dire la valorisation optimale de la production de bois en aval (en remplacement de matériaux ou combustibles fossiles). L’augmentation du stockage « sur pied » en forêt ne peut être alors être recherchée que si ce stock accumulé ne nuit pas à la productivité ou au renouvellement des forêts, ni à leur production économique de « bois-puits de carbone ». La valorisation durable des produits-bois à l’aval prime donc bien généralement sur le stockage de carbone en forêt.

      Dans les tropiques, enfin, si la lutte contre la déforestation « sauvage » est bien entendu nécessaire, l’idée de limiter le déstockage massif de carbone ne doit surtout pas, par un fâcheux mouvement de « retour de balancier », freiner ou empêcher l’exploitation forestière commerciale, qui est bien plus favorable au climat qu’une « mise sous cloche » irréfléchie de la forêt tropicale, (laquelle ouvre souvent la voie, malheureusement, à des vrais risques de défrichement, faute de donner à la forêt ainsi « protégée » une valeur sociale et économique attractive aux yeux des riverains).