La bataille du « bio-sourcé » - Le CLUB des Bioéconomistes
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La bataille du « bio-sourcé »

L’art du « faire-savoir » !

Le CLUB / 2016

La bataille du bio-sourcé n’est pas encore gagnée, en particulier tant que le prix du pétrole restera instable et périodiquement sous-évalué, mais aussi tant qu’une véritable information n’aura pas repris le dessus face aux ignorances, aux polémiques et aux dogmes…

     La bioéconomie est d’abord un défi qu’il faut donc relever par les idées, les savoirs et la communication. Mais nos sociétés d’abondance ont oublié la plupart des “fondamentaux” qui ont réglé le développement de l’humanité au cours de l‘histoire ! Ainsi, si la bioéconomie, avec productivité, sobriété et diversité, apporte sans conteste des réponses majeures aux défis du futur, peu d’entre nous en ont réellement conscience. Qui connaît par exemple les vertus et la puissance universelles de la photosynthèse, et de la “pompe à carbone” qu’elle représente ?

     Nous devons faire face, en réalité, à de multiples lacunes “historiques” et “biologiques” dans nos connaissances. Beaucoup d’entre elles sont mal partagées par nos concitoyens et par leurs représentants aux niveaux de l’éducation, de la recherche, de l’information et de la communication du fait de nos sociétés urbanisées et “artificialisées”. Selon un sondage européen des années 2000, 35% des citoyens se réfèreraient ainsi avec confiance aux dires des ONG, 16% d’entre eux feraient confiance aux associations de consommateurs, mais 3% seulement croiraient aux informations qui leur sont délivrées par les autorités publiques et par les milieux professionnels ou industriels !… On ne peut pas rester indifférent face à de telles données dérangeantes qui préfiguraient déjà, dès les années 2000, la “prise de pouvoir” abusive annoncée par les “réseaux sociaux” ! Elles soulignent la profonde rupture qui existe entre les messages publics et professionnels d’une part (qui sont censés informer la société civile), et ceux qui émergent, militants et médiatiques, et qui prétendent « guider l’opinion » en prenant parti, mais sans disposer souvent de la compétence et du savoir nécessaires…Il importe donc, à l’évidence, de rétablir les vérités et de “remettre les compteurs du développement durable dans le bon sens », notamment en matière d’effet climatique de l’agriculture et de la sylviculture.

La préparation de la conférence de Paris, la COP 21, en fut l’occasion puisque qu’elle permit, avec l’appui des experts les plus chevronnés, de démontrer enfin, rapport officiel à l’appui, que “face au défi climatique, l’agriculture et la sylviculture de production ne sont pas un problème, mais constituent au contraire une vraie solution”…

   Malgré tous ses atouts pourtant, la bioéconomie peine à se faire reconnaître, à convaincre et à séduire pour susciter la confiance et l’adhésion… Même si le “carbone vert” peut devenir ou redevenir attractif face aux oppositions et aux polémiques (il peut même être “à la mode”, parfois, comme dans l’univers de la bio-cosmétique par exemple), des notions comme celles de la forêt artificielle, plantée, productive et efficace par exemple, ou celle d’une agriculture “énergétique” à vocation industrielle, ou celles encore de la “moléculture” et du bioraffinage, restent en fait étrangères et même suspectes dans l’opinion. On découvre ainsi à quel point une large frange du public (souvent urbaine et éduquée par ailleurs, et parfois qualifiée de « bobos ») est imprégnée de préconçus et parfois d’ignorance

     Ce sont pourtant ces “approximations du savoir” qui se propagent le plus vite, malheureusement, et le plus souvent, dans les grands réseaux sociaux et les grands médias…

Alors, décidément, la bioéconomie n’est pas une économie comme les autres, loin de là ! Au delà du challenge que représente sa compétitivité, elle nous lance un défi majeur de communication et d’éducation pour pallier nos graves faiblesses dans l’art du “faire savoir”, et pour parvenir à devenir plus audible que l’Etat et que les économistes, et plus indépendant que les professions concernées.

     Oui, la bataille du bio-sourcé est à peine engagée….et elle est loin d’être gagnée !