Bioconstruction et construction bas-carbone - Le CLUB des Bioéconomistes
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Bioconstruction et construction bas-carbone

Une référence pour concevoir un immobilier durable

Le CLUB / 2019

L’utilisation du bois-fibres représente, en France, environ 10% de l’ensemble des matériaux de construction. Cet usage d’un matériau renouvelable en substitution de béton ou d’acier offre de multiples bénéfices durables, notamment sur le bilan énergie – carbone. (1) :

(1) 1m3 ou 1 tonne de bois – ou de biomasse – stocke 1 tonne deCO²… ; 1m3 ou 1 tonne de bois – ou de biomasse – peut fournir in fine une énergie primaire renouvelable équivalente à deux barils de pétrole (# 0,25 tep)… ; Enfin, un emploi direct supplémentaire net est créé, dans les territoires, pour + 1000 tonnes /an de biomasse ou de bois mobilisées.

  • ABSORPTION : Le CO2 (atmosphérique) est d’abord absorbé à l’amont par les forêts et les peuplements végétaux (photosynthèse) à raison d’environ 10 tonnes de CO2 / ha / an pour ce qui concerne les peuplements de résineux français qui sont valorisés en construction (e.g sapin, épicéa, douglas et pins). La forêt française absorbe, au total, 4 tonnes de CO2 par seconde soit, sur une année, 120 M tonnes / an de CO2 qui sont séquestrés et stockés dans les arbres forestiers –(soit # 120 M tonnes / an de bois « utiles » qui sont ainsi produits en forêt)- . Cette absorption forestière de CO2 « neutralise » le tiers environ de toutes les émissions françaises annuelles de gaz à effet de serre (évaluées à 360 Mt CO2/an). Les ressources forestières françaises disponibles sont importantes, bien gérées en moyenne, et elles peuvent être facilement développées par du reboisement ( e.g. en résineux, et en douglas notamment )…
  • SEQUESTRATION-STOCKAGE : L’une des particularités de l’économie du « carbone vert » est de pouvoir stocker le carbone atmosphérique qui a été absorbé précédemment par la photosynthèse, et ceci pour des durées variables. Le cas le plus probant est celui du bois, et tout particulièrement dans ses usages liés à la construction (laquelle consomme environ 50% du bois matériau français qui est valorisé). Ce stockage représente en réalité un « gain de temps » stratégique et précieux sur la dérive climatique.

Le pouvoir de séquestration du bois et des bioproduits est en moyenne de 1 tonne de CO2 / m3 (ou encore 1 tonne de CO2 par tonne de bois frais).

 

La sylviculture, l’exploitation forestière, le transport et le façonnage du bois ne consomment environ (en équivalent énergétique) que # 10% du contenu en énergie-carbone du bois mobilisé. La bioséquestration nette du bois en carbone se trouve ainsi réduite à ( 1-10%) # 0,9 tonnes nettes de CO2 / m3 de bois utile.

 

  • SUBSTITUTION ENERGIE-CARBONE : L’usage du bois-fibres en construction correspond à l’emploi d’un matériau qui est particulièrement sobre en énergie. La fabrication d’une structure en bois requiert en effet, à fonctionnalité équivalente, 9 fois moins d’énergie (dite énergie grise) que dans le cas du béton, et 17 fois moins d’énergie que dans le cas de l’acier. Le bois-fibres utilisé en construction offre donc ainsi, dans le bilan énergie-carbone d’un bâtiment, une première source significative d’énergie économisée et de performance bas-carbone.

 

  • AUTRE SOURCE DE SUBSTITUTION DE CARBONE : Une autre source de substitution existe en effet, souvent négligée, lors de la fin de vie d’un immeuble en structure bois ou contenant du bois-fibres, (et après recyclage final éventuel du bois récupéré). Après un stockage durable de CO2 par le bois mis en œuvre dans le bâti, et ceci pendant un temps qui peut représenter des décennies (ex. la charpente de la cathédrale Notre Dame a stocké pendant 800 ans du CO2 atmosphérique qui avait été émis au Moyen Age, avant le dramatique incendie de sa toiture où le carbone stocké fut relargué dans l’atmosphère), la démolition de l’immeuble conduit en réalité à la « destruction » ultime de ses biomatériaux (ou à leur stockage comme déchets inertes). Cette destruction s’opère notamment par combustion / incinération ; (ex. voir le cas des fours de cimenteries, qui sont capables d’incinérer à 1400°C toutes les matières organiques, même souillées ou polluées, et ceci sans émission de dioxines. Le bois de démolition peut donc y fournir alors de l’énergie renouvelable à raison de 0,25 tonnes équivalent-pétrole par tonne de bois à incinérer. Ce sont donc autant d’hydrocarbures qui sont économisés, et substitués, et autant d’émissions de CO2 « fossile » qui sont évitées). Cette valorisation finale possible des bioproduits de démolition comme biocombustible offre ainsi une deuxième source significative d’énergie économisée et de performance bas-carbone dans le cycle du bois – construction.

Le bois dans la construction : un « retardateur climatique » vertueux !

Il est important d’abord de retenir que la maîtrise de la dérive climatique ne peut faire appel qu’à trois solutions… : la sobriété ; le renouvelable ; le stockage de carbone. Or, la production et la valorisation de la biomasse (dont le bois valorisé comme matériau), sont précisément opérantes positivement dans chacune de ces trois voies exclusives pour faire face au défi climatique.

Le promoteur d’un chantier de construction bas-carbone utilisant du bois-fibres peut alors mettre en avant plusieurs facteurs clé au crédit de son « bilan carbone ». Sans afficher ni rechercher une mythique « neutralité carbone », peu probante, la prise en compte des éléments qui suivent va contribuer à une « efficacité climatique » accrue, en justifiant en outre, et sans regrets, le développement d’une légitime information des investisseurs. ….

            – Ce promoteur aura en particulier prolongé, dans le bâti, la durée de neutralisation du carbone stocké dans les abres et dans le bois mis en œuvre. Vu l’importance du facteur temps (et de l’urgence) dans la maîtrise de la dérive climatique, on pourrait aisément considérer que du carbone atmosphérique stocké et neutralisé pendant 50 ans (par exemple), vaut largement son équivalent en émissions évitées ! Par la séquestration et le stockage du carbone atmosphérique, le bois dans la construction (et c’est son originalité majeure), opère donc en réalité comme un « retardateur du changement climatique », ce qui souligne l’importance du « facteur temps » dans la stratégie de construction bas-carbone.  Le bois-fibres en construction crée ainsi de la valeur de manière originale en « gagnant du temps sur le temps qui change ».

             – Notre promoteur aura utilisé des biomatériaux sobres en énergie, comparés au béton et à l’acier par exemple, en réduisant considérablement la consommation « d’énergie grise » pour leur production et l’émission correspondante de gaz à effet de serre.

             – Il aura pu équiper également (par exemple) son immeuble d’une pompe à chaleur efficace, ainsi que de panneaux solaires thermiques, pour appuyer la fourniture collective de chauffage et d’eau chaude sanitaire. Autant d’émissions de GES encore évitées !

             – il aura cherché, enfin, à récupérer des déchets-bois inertes et organiques de démolition sur ses propres chantiers, déchets utilisables en cimenteries (par exemple) comme biocombustibles renouvelables venant substituer des hydrocarbures. Toujours et encore des émissions de GES évitées !

            – Et rien n’empêche en outre un tel promoteur-constructeur d’ajouter à la performance carbone de sa construction des allégations relatives aux créations nette d’emplois qu’il aura générées grâce aux biomatériaux utilisés, ainsi qu’à l’économie de devises engendrée pour le pays (réduction des matériaux et des énergies importées) et à la rapidité accrue de mise en œuvre du chantier.

Pourquoi ne pas rappeler enfin que le béton armé n’a qu’à peine plus de 100 ans d’existence comme matériau certifié pour la construction. … Le bois et les colombages ont quant à eux acquis cinq à dix fois plus au moins de recul et de références probantes dans le bâti tout au long de notre l’histoire…